Liz Hingley

Née en 1985, nationalité britannique, vit à Londres.
www.lizhingley.com

La famille Jones

Pour 3,9 millions d’enfants britanniques, la pauvreté est une réalité. (La Grande-Bretagne a un des taux les plus élevés d’Europe de pauvreté infantile.) Cependant, malgré sa prévalence, on a du mal, dans les pays occidentaux, à comprendre la pauvreté et à communiquer sur elle, comparée à celle des pays en voie de développement.

Au cours d’une brève mission pour une association caritative, Save the Children, j’ai pris conscience de la nécessité de faire connaître les vies d’adolescents défavorisés et de fournir en images une interprétation personnelle et humaine de ces énormes – et souvent déroutantes – statistiques.

Au cours de l’automne 2010, j’ai commencé à travailler avec la famille Jones – deux parents et sept enfants – de manière à créer avec eux un ensemble de travaux qui parle de la signification – et de l’expérience – de privation dans le contexte d’une nation riche. En tant que jeune moi-même, ce fut une relation d’échange et d’apprentissage réciproque.

La famille Jones vit dans un pavillon de type HLM de la ville industrielle de Wolverhampton. C’est la première fois depuis trois générations que cette famille vit dans une maison – celle-ci comporte trois chambres. La mère et le père ont grandi dans des caravanes, comme leurs parents avant eux. La maison signifie beaucoup à leurs yeux, et contient des tas de souvenirs au point que, malgré sa surperficie très limitée, ils refusent de déménager dans un logement plus spacieux.

J’ai choisi d’utiliser des films de moyens formats, la lumière ambiante et un appareil photo au niveau de la taille qui permet de ne pas aborder l’autre de façon trop intrusive, et privilégie une approche plus émotionnelle et honnête. J’ai voulu dépasser l’impression superficielle donnée par les parquets nus et le papier peint décrépi pour rendre compte de la culture particulière de cette famille, de la personnalité de chacun de ses membres, de leur amour sincère les uns envers les autres, de leur compassion et de leur force de résistance face aux privations.

Par ce travail, j’ai cherché à développer un langage visuel plus subtil, un travail qui fournisse de nouvelles formes de représentation et de compréhension des réalités fondamentales du cycle de la pauvreté sur plusieurs générations dans une nation développée, et ce, à travers l’histoire d’une seule famille.

Les éditions be-pôles , qui publient la collection de livres Portraits de Villes,  ont proposé à la lauréate 2012 une carte blanche pour photographier la ville de son choix. Liz Hingley a choisi Shanghai.