Katrien de Blauwer

Vit et travaille en belgique
www.katriendeblauwer.com

D’aussi longtemps que je me souvienne, mon histoire avec le collage a commencé très tôt.

Au sortir de mes études de mode à Anvers, mes premières expérimentations se résumaient alors à des carnets, des mood books composés de fragments de magazines. Je les vois aujourd’hui clairement comme une prélude à ma pratique.

Les travaux que je propose ici pour le prix Virginia sont un condensé minutieux d’une pratique pourtant spontanée. J’ai tenté justement d’associer les formes, les lignes et parfois les couleurs de chacun de mes collages pour qu’ils puissent, malgré leur singularité, exister ensemble et se répondre. J’aime me décrire comme une photographe dépourvue d’appareil, offrant une deuxième lecture à des images existantes. Mes sources sont ces photographies oubliées que je recycle et relie entre elles. Elles retrouvent par l’action du collage, similaire à la technique du montage, toute leur vibrance passée.

C’est à partir d’une sélection d’images collectées dans de vieux magazines que je compose ces collages. Ils naissent ainsi d’une connexion insoupçonnée entre plusieurs figures, entre les motifs et les nuances que je coupe, colle et recoupe. Plus que simplement formelles, ces associations sont dictées par mon ressenti et reflètent le stimulant paradoxe de ma pratique. En effet, les choix que j’opère dans le traitement des fragments font état de ma propre intimité, alors même que je manipule des images anonymes, a priori distantes de moi. En bannissant les regards et les visages de mes compositions, je garde une certaine neutralité, une liberté d’interprétation qui laisse volontairement la place à quiconque veut s’y mettre. C’est de ce souci d’universalité que naît le potentiel narratif et mémoriel de mes collages.