Jona Frank

Vit et travaille aux états-Unis
www.jonafrank.com

The Modern Kids

« Bien que les boxeurs soient parmi les gens les plus courtois qu’il m’ait été donné de croiser, pour Jona, en tant que femme, se rendre dans une salle de boxe est une chose assez rare. À Las Vegas, je fréquentais souvent un club de boxe appelé Chez Johnny Tocco où figurait une pancarte Interdit aux femmes. Mais les boxeurs que Jona a rencontrés l’ont laissée assister à leurs entraînements. Ils l’ont laissée partager leurs moments de gloire, et, en échange, à travers ses photos, elle a fait d’eux des héros. Ils garderont ses photos chez eux, posées sur le manteau de la cheminée, ou bien, les accrocheront au mur. Leurs amis les verront. Leur dur labeur sera ainsi glorifié. »       

Bruce Weber (préface à mon livre The Modern Kids)

En 2010, un de mes amis m’a amenée dans une salle de boxe près de Liverpool, dans le nord de l’Angleterre. À la seconde où je suis entrée dans ce club amateur et que j’ai remarqué le mur jaune et rouge, j’ai su que je ferais des portraits avec ce mur-là en arrière-plan. J’ai su que ces jeunes boxeurs constitueraient d’incroyables modèles.

Au-delà de ce qui se passait dans la salle d’entraînement, j’avais le désir d’entrevoir leurs vies, leurs fiancées, le quartier dans lequel ils vivaient – pour tenter de cerner le dur-à-cuire qui se tenait aux côtés de la jolie petite copine, mais également pour souligner le contraste entre l’univers masculin et l’univers féminin, intrinsèque à cette culture.

L’essentiel de mon travail aborde la question de l’adolescence et de l’évolution de l’identité chez quelqu’un. Dans The Modern Kids, ma troisième monographie, j’ai voulu souligner le cran et la ténacité dont ces garçons faisaient preuve, ainsi que leur courage à monter sur le ring où tout n’est que mouvement perpétuel et concentration. À l’issue des combats, les garçons partagent leurs victoires comme leurs défaites, tout autant que leurs moments de gloire. Je voulais qu’on ressente leur sueur, leur combat, leur endurance.

Par certains côtés, il s’agit d’une belle métaphore du photographe réalisant un portrait. Bien qu’il ne me faille pas encaisser des coups au sens propre, mon travail consiste pourtant en un échange entre deux personnes. Et quoiqu’il n’y ait ni vainqueur ni vaincu en photographie, c’est la perception du moment juste qui génère une photo réussie. Et, il ne s’agit pas uniquement de ce qui survient sur le ring. Il s’agit de ce qui se passe avant – comment vous appréhendez votre modèle sur le plan émotionnel, comment vous vous connectez à lui et la manière dont vous l’observez.