Séverine Lenhard

Vit et travaille en France
www.severine-lenhard.fr

Instants d’enfance

Je ne crois pas à l’enfance pastel. Vive, franche, insolente, l’enfance se vêt de couleurs crues, sans compromis, dans un corps à corps avec le réel.
Je la montre souvent en noir et blanc, pour en souligner les contrastes, en percevoir le mouvement et les formes. Dans cette série, pourtant, je la veux en couleurs, c’est sans doute pour essayer d’en attraper le coeur. Ici je souhaite que l’on distingue les 3 couleurs primaire de la photographie : le rouge, le vert, le bleu. Ces couleurs vives sont comme les enfants qui cherchent à trancher, jamais à se dissoudre. Ce sont des couleurs franches, toujours à la portée de l’enfant qui vit.
L’enfance est un moment éphémère, mais à la fois fondateur de l’adulte en devenir. Alors, depuis quelques années, je photographie l’enfance de mes enfants pour capturer un peu de ce moment magique où l’imagination est fertile, où les enfants sortent d’eux-mêmes pour s’ouvrir sur le monde, jamais freinés par l’étrange ou l’étranger, toujours poussés par la cu-riosité. Dans un lien sensible avec la nature, l’imagination prend le pouvoir et n’a pas de limite,. Il n’y a pas de peur, la confiance est sans faille si on les laisse aller et l’espoir d’aven-ture efface les réticences… Un passage précieux vers les adultes de demain.
Dans cette série, j’aimerais ainsi montrer la richesse de l’imaginaire qui abolit le temps et l’espace. L’enfant habite le présent et navigue dans le temps par le jeu. Pour eux, pas besoin d’aller loin pour voyager, ils transforment le quotidien par leur regard nouveau et singulier, et créent leurs propres territoires. Dans leurs activités, ils savent ensorceler une journée jusqu’à en faire une fable. Je veux aller là où le temps ne se compte pas où il se fait oublier, où les enfants sont en l berté, seulement accompagnés par mon regard de mère. Là où ils expérimentent le monde.
Je veux montrer un regard juste, sans moment posé car mes images construisent aussi leur mémoire. Je suis avec eux, mon appareil photo à portée de main à les suivre dans leurs pé-régrinations. Ils habitent les paysages, et leur rendent vie. Ils en deviennent le battement de coeur… Dans ces paysages ruraux ou forestiers, où on peut lire l’action de l’homme qui soumet l’environnement, les enfants sont comme un cheval de Troie dans cet ordre préétabli. Ils investissent le monde et le transforment.